Bleu de Sart-Moulin
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Voir aussi Rue de la Gare, Rue du Four, Sart-Moulin
La maison de teinturerie en bleu sur tissu de lin a été créée en 1790 par Charles-Louis Pieret au carrefour de la rue du Four et de la rue de la Gare à Sart-Moulin. Après quelques années difficiles liées aux remous et incertitudes économiques qui accompagnent les changements politiques, la teinturerie prospère sous l'Empire Napoléonien. Charles-Louis Pieret meurt inopinément en 1813 et c'est son fils Jean-Baptiste Pieret (1790-1877) qui va continuer l'aventure semi-industrielle en ayant soin d'acquérir aussi les terrains nécessaires à se créer des rentes pour les années de moindre activité. Mais l'ère du Bleu de Sart-Moulin coïncide avec l'essor du sarrau ouvrier ou bleu de travail. Ce sarrau devient aussi l'emblème de la révolution belge populaire, si mal comprise aujourd'hui, de septembre 1830. Jean-Baptiste Pieret dirige l'entreprise de 1813 à 1850, mais associe dès les années 1840 son fils unique, Jean Joseph Pieret (1816-1890) aux activités de teinturerie,mais aussi à la gestion des biens patrimoniaux (fermes, terrains, rentes de prêts personnels). Associé au nom de sa seconde épouse Anna Goodman (1821-1904) Jean-Joseph Pieret devient le plus connu des propriétaires fonciers de Braine-l'Alleud, recevant les sociétés musicales de Braine dans l'ancien pensionnat (autrefois la verrerie de Sart-Moulin) devenu sa propriété, située à l'arrière de la maison mère, plus loin dans la rue du four (à verre du XVIII ème siècle). C'est l'époque du prestige de la firme, connue et reconnue dans notre pays pour une teinture très résistante aux épreuves des lessives comme des intempéries. La tradition, propagée par Jean Joseph Pieret lui-même, raconte que sa mère, Dieudonnée Decupyer (Waterloo,Fond Vandenbosch, 1792-1888) s'était rendue aux lendemains des terribles combats du 18 juin 1815, pour apporter le déjeuner de son époux (mais ils ne se marièrent qu'en 1817 !) sur le champ de bataille où Jean Baptiste Pieret travaillait à enterrer de nombreux soldats décédés, lorsqu'elle entendit geindre un soldat caché dans des fourrés à proximité du carrefour de la route du Lion actuelle et de la chaussée de Nivelles.Elle lui porta secours, le ramena avec son mari à Sart-Moulin. Nommé Schneider, il s'agissait d'un soldat natif d'Autriche, teinturier de son état,et en guise de remerciements pour lui avoir sauvé la vie, donna des renseignements à Jean-Baptiste Pieret pour perfectionner la qualité de résistance aux teintures,selon leur matière (laine et lin principalement).
Après Jean-Joseph Pieret, qui fut aussi conseiller communal brainois de 1867 à 1884, le procédé et la direction de son industrie passa à sa fille Adeline Pieret (1852-1943)et un court moment (de 1877 à 1885) à son époux Clément Demanet (Walhain Saint Paul 1845-1885). Celui-ci décède brusquement de broncho-pneumonie en 10 jours de temps, le 5 août 1885, laissant sa femme à la tête de l'entreprise pour laquelle Jean-Joseph Pieret, gravement malade durant 6 ans, ne donnait plus que de vagues conseils....
La période d'extrême courage que traversa Adeline Pieret aidée d'Anna Goodman resta marquée dans l'esprit de ses 3 enfants, les deux fils Armand Demanet (1874-1953) qui deviendra le maître de l'industrie du Bleu de Sart-Moulin dès 1890 jusqu'à la seconde guerre mondiale, Raymond Demanet (1876-1962) qui épousera Berthe Cheval (voir Château Cheval), et sa fille Gisèle Demanet épouse Broquet née en 1877. Au tournant du siècle, Armand Demanet dirige avec sa mère l'entreprise familiale. Il s'investit en politique, dans le camp des libéraux. Il dirigera le parti libéral local de 1921 à 1946, mais se ralliera aux Léopoldistes lors de la crise de la Question Royale, aux côtés du libéral John Ernest Solvay en dissidence avec le courant libéral majoritaire. Il siège encore au conseil communal jusqu'en 1952, après avoir été mandataire pendant 50 ans (avec une trêve de mai 1940 à octobre 1944).
Le bâtiment du Bleu de Sart-Moulin dont les 2 photos ci-dessous proviennent de la famille Demanet et Pieret (reproduction de clichés pris en 1881 et réimprimés par Adrien Vanderplancq vers 1910) et la carte postale montrent le fameux site industriel le plus ancien de Braine-l'Alleud (verrerie de 1760 à 1788 ; moulin à grains pendant l'Empire, puis filature de coton de 1821 à 1829; fabrique de papiers et cartons durant la décennie 1830; le Bleu à partir de 1851 jusqu'en 1940).
Tombé en désuétude, servant de gigantesque colombier dès la fin de la seconde guerre mondiale (Armand Demanet était colombophile passionné dès ses 12 ans et fut un des vainqueurs brainois les plus réguliers des concours de l'entre deux guerres) le bâtiment fut démoli par les soins de l'entreprise Jacques Hollogne de Braine-l'Alleud peu avant 1960.
(sources : tradition familiale recueillie par Ph.Buchelot auprès de Claire Demanet -Cauvin en 1992. Recherches auprès des A.G.R. voir Notariat Général du Brabant 1813, 1818; achat sous seing privé Pieret-Goodman, archives privées inédites Gouttier et Demanet Pieret; notice pour Wiki rédigée en mémoire des familles Pieret, Demanet et apparentées. Ph.B.)